Le « Libre » c’est comme le Bio
27 octobre 2017Il y a une phrase dans l’article de Fred sur l’éternel sujet du « bureau Linux » qui m’a fait tiquer :
et qu’on arrête de me sortir le « tu n’as qu’à choisir du compatible et rien d’autre »
En lisant ça je me suis donc fait cette réflexion : c’est comme pour tout, tant qu’il y a des gens pour acheter de la merde, il se vendra de la merde. C’est un peu comme les produits bio, d’où le titre, dont tout le monde sait que c’est bien, et que c’est ce qu’il faut privilégier. Quand bien même les produits peuvent être plus chères, moins jolis, voir même moins bon gustativement, c’est un sacrifice qu’on consent à faire (ou au moins à admettre qu’il faudrait faire) car il s’agit de notre santé et de celle de la planète.
Acheter du non-bio c’est continuer à alimenter l’industrie de l’empoisonnement et de la destruction de l’environnement, c’est en quelque sorte l’encourager à continuer sur ce chemin. L’offre est là pour répondre à la demande. Faire le choix du bio c’est envoyer un signal aux producteurs/vendeurs/etc. que la demande tient compte du respect de certaines valeurs. C’est donc les encourager à respecter ces valeurs. Et c’est, entre autres, comme ça qu’un changement de société peut commencer à s’opérer.
Il faut se rendre à l’évidence, actuellement ce n’est pas le bulletin de vote qui défini l’orientation de la politique, c’est le portefeuille. Le véritable vote se fait avec le portefeuille.
Pour en revenir au logiciel libre, je pense que c’est un peu la même logique, parfois ça peut coûter plus chère quand il s’agit d’acheter du matériel compatible. Encore que généralement sur ce point c’est l’inverse puisqu’on va faire de la récupération, du reconditionnement, etc. avec le coût des licences en moins, mais passons. Parfois ça va être moins beau (là encore c’est discutable ^_^), parfois ça va être moins pratique (là c’est incontestable si on se cantonne au desktop), etc. Mais c’est un sacrifice qu’il faut consentir à faire si on veut cesser d’encourager les GAFAM, et les fabricants qui les suivent, à continuer dans leurs mauvaises voies (privation de liberté, violation d’intimité, obsolescence programmée, etc.).
Comme le disait Coluche : « et dire qu’il suffirait que les gens arrêtent d’acheter pour que ça ne se vende plus ».
Alors je suis bien conscient qu’il y a les contraintes financières qui entrent en jeu, comme l’a bien souligné Fred, et c’est d’ailleurs pour ça que je ne lui jette pas la pierre ni n’ai l’intention de le mettre sur un bûché :-) Car de toute façon moi non plus je consomme pas exclusivement du bio ni n’utilise qu’exclusivement du libre, pour des raisons financières ou de confort.
Mais ce que je voulais souligner et rappeler c’est que l’usage du libre s’inscrit dans une idéologie, comme le bio ou le local. C’est politique. Ce n’est pas uniquement le fait que Linux soit cool ou gratuit, même si pour certains ça s’arrête à ça, ou que pour d’autres c’est par là qu’ils viennent à la philosophie derrière l’outil. Le problème c’est justement qu’on cède trop souvent à la facilité, et cette faiblesse de notre part perpétue le cercle vicieux.
Pour le moi, « le fautif » dans cette histoire ce n’est la « communauté du logiciel libre », c’est plutôt la société qui fait de mauvais choix. De la même manière que je ne vais pas accabler les écologistes de ne pas percer dans l’opinion publique, sous prétexte que leurs candidats n’ont pas le charisme d’un Paul Bismuth, je ne vais accuser les libristes de ne pas avoir les moyens de faire des logiciels libres sexy, user-friendly et qui fonctionnent partout (alors qu’en plus ils en font). Les gens sont stupides responsables de ne pas s’intéresser à l’écologie, et pas l’inverse.
Alors bien sûr je ne dédouane par totalement les libristes (tout comme les écologistes non plus :-), ils ont leurs torts et il y a des dérives (comme dans le bio ;-), comme tout le monde et comme partout, mais à leur petit niveau ils font avec leurs moyens. Et je trouve que ce qu’ils font est très bien.